vendredi, 27 janvier 2006

La Bolivie

Nous voila a Uyuni. Quoi deja, vont dire ceux qui connaissent le coin. 8 jours de Bolivie mais quels 8 jours!
Le truc c'est que la Bolivie est globalement coupee en deux parties: l'altiplano entoure de ses deux cordilleres, et le bassin amazonien. Pour ce qui est des crocodiles, pirhanas et autres moustisques avides de sang de touriste, on a deja donne, donc on se cantonne a la montagne et l'altiplano qui nous en mettent plein la vue (comme vous ne le verrez pas en photo puisqu'il n'y a pas d'ADSL a Uyuni, ben oui c'est le desert).

Pour commencer, le passage de la frontiere Perou-Bolivienne le long du Titicaca, et meme sur le Titicaca puisqu'il faut passer en bac, est fantastique: sous le soleil et dans l'air d'une purete inegalable, le Titicaca et ses environs offrent des couleurs surrealistes. La suite du trajet jusqu'a La Paz est tout aussi extraordinaire sur l'altiplano avec a l'Est les sommets de la cordillere Royale dont le "Pequeño Alpamayo", copie conforme de la pyramide parfaite de l'Alpamayo peruvien. L'arrivee sur La Paz est surprenante: on commence par traverser des quartiers pauvres sur l'altiplano parfaitement plat (et haut, comme son nom l'indique), et d'un coup la route plonge dans un profond canyon tapisse d'un versant a l'autre d'habitations, c'est La Paz. La ville est grouillante de monde et la police touristique nous invite a la plus grande prudence des notre descente du bus. Finalement il ne nous arrivera rien. La Paz, bon, ca ne nous a pas exalte plus que ca. Le premier jour on a fait des courses: ce sont neuf kilos de souvenirs majoritairement en Alpaga et a prix defiant toute concurrence qui sont en ce moment meme en train de voguer vers la France. Deuxieme et dernier jour, le musee de la coca (tres tres interessant), et la vallee de la lune (po mal). Et non, on n'a pas fait la descente de la route de la mort en vtt, passk'on a vu les photos, on a deja vu des vtts, et du coup ca ne nous a pas emballe de descendre 70 bornes sur une route.

Par contre Potosi et ses mines, alors ca c'est une experience inoubliable! Ca fait 400 ans que les mines du Cerro Rico sont exploitees, et les methodes n'ont pas vraiment change depuis tout ce temps. Germinal en pire... On a choisi de faire la visite avec l'agence Koala, tenue par des anciens mineurs, dont les guides sont aussi d'anciens mineurs, et qui reversent 15% du prix a la cooperative miniere (parce que comme vous vous en rendrez compte, les mineurs n'ont pas la vie facile). Premiere activite du jour, un passage au marche minier pour acheter quelques bouteilles de boissons por les mineurs, et deux kits dynamite/engrais en grain qui amplifie l'explosion/meche/detonateur. A 2 euros le kit d'explosif en vente libre, on pourrait tres facilement regler les problemes au boulot, evitant de fastidieuses reunions ;o). Apres avoir visite l' "usine" de traitement du minerai qui balance quotidiennement des tonnes de polluants a la riviere, on monte jusqu'a l'entree de la mine, un trou noir d'ou sort une paire de rails. D'un coup une lumiere approche, 2 mineurs poussant 2 tonnes de minerai dans un charriot sortent de la mine, hors d'haleine. Avec tout notre deguisement, bottes, pantalon et veste impermeables, casque et lampe frontale, on rentre dans la mine. Il y a 11 ans, des experts americains on dit qu'ils ne donnaient que 7 ans avant que la mine, surexploitee, ne s'effondre sur elle-meme. Rassurant... C'est tres bas, on ne peut que rarement marcher sans se baisser, et rapidement tout le monde se met a tousser a cause de la poussiere et des vapeurs d'arsenic. Plus on descend dans la mine, plus c'est irrespirable. On finit par tomber sur un groupe de mineurs qui chargent du minerai dans des gros sacs. Ils travaillent tous sans masque, ce qui explique l'esperance de vie de 45 ans pour les mineurs qui ont commence vers 18 ans. Ils meurent de silicose, en gros une inflammation chronique des poumons. Et c'est pire pour les 1000 gamins (sur 12000 mineurs) qui travaillent la aussi et qui peuvent esperer vivre une 30aine d'annees. Hum... qui est-ce qui se plaint de n'avoir qu'un ecran plat de 17 pouces alors que le voisin a 19 pouces? Au fil de la visite, on rampe dans des galeries ou des gars travaillent seuls ou en groupe, toujours dans des conditions inhumaines. Les mineurs bossent ainsi 8 heures par jour quasiment sans boire, et leur seule nourriture est la grosse boule de feuilles de coca qu'ils machent toute la journee. Trois heures plus tard, on ressort tous creves, la gorge en feu et choques parce qu'on a vu. Le tour se termine par une demonstration de dynamite. Christophe se colle a la fabrication d'un explosif. Une fois la meche allumee, il reste 2 minutes pour aller la poser la charge plus loin et revenir, quel stress. Boum ca pete bien fort!

Nos guides nous invitent ensuite a un mariage (oui nous aussi on trouve ca bizarre d'inviter des touristes a un mariage). On passe acheter un set de verres comme cadeau, et nous voila a 19h a la fete. On est lundi, c'est le troisieme et dernier jour du mariage. A peine arrives, on nous apporte a chacun 4 verres de boissons alcoolisees sur un plateau, a boire de suite. A 20h, il y a deja plein de gens bourres, dont les maries d'ailleurs. Dans les mariages boliviens, c'est ainsi. Et il y a 2 types de cadeaux: la vaisselle pour les amis et relatifs, et les armoires et les lits pour les proches. Pendant cette troisieme soiree, les maries ont ainsi recu un lit et 8 (huit, si si) armoires. On ne veut meme pas savoir combien ils en ont eu les deux premiers jours de fete... Celine danse beaucoup, invitee par plein de boliviens plus ou moins clairs, et globalement on est tres bien accueillis, des tas de gens viennent discuter avec nous. Quand on part vers 23h, la fete bat son plein, le marie cuve sur l'epaule de sa femme, c'est vraiment une drole d'experience!

On fait ensuite un crochet par Sucre, la capitale constitutionnelle de la Bolivie situee sur le versant amazonien des Andes. C'est une superbe ville coloniale pleine de beaux monuments, qu'on place au troisieme rang derriere Cuzco et Cartagena. On y fete l'anniversaire de Celine (comment ca quel age? on ne demande pas ca a une dame!) dans un excellent restaurant francais. On apprecie comme il se doit la truite grillee et l'enorme steak saignant au roquefort. On visite aussi une carriere dans laquelle a ete decouverte une strate verticale (autrefois horizontale) pleine d'empreintes de dinosaures de toutes sortes: titanosaures, triceratops, T-Rex... c'est tres impressionnant.

La journee qui suit se passe dans le bus Sucre-Potosi-Uyuni. 10 heures de bus c'est long, mais la c'etait plutot 10 heures d'excursion dans des paysages exceptionnels: canyons, torrents d'eau rouge, montagnes ocre et pourpre, villes minieres fantomes, plaines verdoyantes ou paissent chevres et lamas, et finalement une vue plongeante sur l'infini du salar a l'approche d'Uyuni. Un veritable regal occulaire.

Uyuni est une petite ville plantee au milieu de rien, ou tout ce qu'il y a a faire est de booker son tour du Sud-Lipez. On part donc demain pour 4 jours entre salar, lagunes multicolores, geysers et ascension du Licancabur (le volcan a la frontiere chilienne) si les conditions s'y pretent.

19:15 Publié dans Bolivie | Lien permanent | Envoyer cette note