GROENLAND 2009
Galerie des plus belles photos
Naissance et préparation du projet
Derniers préparatifs et en route !
Pour nos vacances de l’été 2009, Céline, Nicolas et moi voulions aller au Kamtchatka pour sa nature sauvage et ses volcans. Finalement a 4000 euros les 2 semaines en 4x4 et hélicoptère, on s’est dit que ce n’était pas assez « roots », et puis en plus on avait un mois a passer, pas 2 semaines… C’est donc après être tombé sur le site de Marie qu’on s’est décidés pour du kayak de mer dans les fjords Groenlandais.
Fabien qui a eu vent de notre projet décide de se joindre a l’expédition . Super ! nous voilà 4, chiffre idéal pour remplir 2 kayaks doubles !
Notre voyage se découpe en deux parties :
- 3 semaines de kayak de mer en autonomie complète dans les fjords du sud-ouest du Groenland au départ de Narsaq (255km)
-
1 semaine de trek (toujours autonome) dans
l’ouest Groenlandais à Ilulissat près de l’Icefjord classé au patrimoine
mondial de l’UNESCO. Fabien ne participe pas à ce trek.
Pour nos aventures pédestres à Ilulissat, c’est par là.
Les billets d’avion sont rapidement réservés sur Air Greenland pour Narsarsuaq, situé au Sud du Groenland, plein de fjords, d’iles, avec la calotte glaciaire toute proche, et surtout sans ours polaires. Tant mieux, ces grosses bébêtes n’hésitant pas a se tailler un steak de campeur à l’occasion…
Sur les conseils de Marie (qu’on remercie chaudement pour toute son aide qui nous a grandement facilité la préparation), on s’appuie sur Blue Ice Explorer pour la location des kayaks.
Un petit week-end kayak dans les calanques avec Raskas Kayak nous permet d’appréhender les rudiments du pagayage et les principales manœuvres de sécurité.
On achète deux tentes « 4 saisons » pour résister aux vents violents attendus, des sacs étanches pour le matériel, un réchaud a essence, compose nos repas pour 3 semaines d’autonomie complète, achète du matériel de pêche, loue un téléphone satellite puisqu’il n’y a évidemment pas de couverture GSM là où on va, réfléchissons à la fourniture d’énergie pour tous nos joujoux électroniques (téléphone, appareil photo, GPS)…
On trace l’itinéraire prévu sur la base de Google Earth même si le niveau de détail n’est pas toujours suffisant pour choisir nos points de bivouac, on bidouille pour charger la carte des côtes groenlandaises sur le GPS… et voilà prévus 21 jours de kayak avec 5 jours prévus sans navigation en prévision d’une météo défavorable ou d’une mer trop formée. Nos étapes feront de 10 à 27km, avec une moyenne dans les 18km (voir lien a mettre a jour). Pour la partie trek, on verra sur place, sur la base de la carte au 100000ème. De toutes facons il n’y a pas de chemins on fera bien ce qu’on veut ou peut.
Les 3 derniers jours de préparation sont dédiés à la préparation du
ravitaillement, pesé et emballé repas par repas, dans la bonne humeur et devant
le Tour de France.
Pesée des sacs..Aye aye aye c’est trop lourd ! on à droit a 112Kg et on en
a plus de 120 !
Jour J, a l’aéroport, poids contenu a 120Kg. Tout ca va rentrer dans les deux
kayaks ? inquiétude… surtout qu’il manque 10Kg de pâtes.
Il faut bien dire qu’on ne se réjouissait pas d’avance de
passer 24h a Copenhague. Nous ce qu’on voulait, c’était rentrer dans le vif du
sujet, ramer, se retrouver en pleine nature loin de toute trace de
civilisation !
Mais finalement l’escale a été plutôt agréable dans la belle ville de
Copenhague, en pleins « World Out Games » (festival gay).
On a donc la petite sirène, un moulin, un concert de Yana Alana and Tha Paranas, un château, une chanteuse heu… couillue, une église qui célèbre des mariages homo, et un deuxième transformiste !
Cette fois ca y est, après 4h de vol, sous un grand soleil on survole l’inlandsis (la calotte polaire quoi), tout blanc, infini, parsemé de crevasses et de lacs bleu curacao. L’avion perd de l’altitude, on vole carrément en rase-motte avec des montagnes au bout de chaque aile dans une vallée encaissée. D’un coup on débouche sur le fjord et Narsarsuaq est là, avec sa piste d’atterrissage d’ancienne base US Air Force et ses quelques baraquements bigarrés (il y a 150 habitants seulement !)
Après une looooooooongue attente de nos bagages, on file au
Blue Ice Café, a 100m de l’aéroport, pour y rencontrer Jacky à qui on a loué
les kayaks.
Le gars est plutôt tête en l’air (sauf
sur certains points : « «vous avez payé
l’auberge ? ) puisqu’il a compris a l’envers notre itinéraire et donc
notre besoin de transfert de Narsaq a Narsarsuaq (on en sera quitte pour faire
le voyage en sens inverse, et ca n’est finalement pas plus mal), et les kayaks
qu’on doit prendre sont en vrac. Un des employés, Klaus, nous les répare, et
Natalia (qui s’occupe des locations de kayaks) est toujours là pour arranger le
coup.
On part donc directement du port de Narsarsuaq après avoir fait quelques courses hors de prix à la supérette du coin. Une bonne et une mauvaise nouvelle : les kayaks sont immenses, on n’a aucun mal a charger tout notre matériel dedans. En revanche l’hiloire arrière est petit, Fabien et moi devrons donc pagayer a l’avant pendant tout le voyage, ce qui n’est pas pour plaire a Céline car elle comptait plutôt sur moi pour diriger l’engin !
L’ambiance est posée dès le port : un gros iceberg se
cache derrière la digue et craque sinistrement ; c’est comme ca les
icebergs : les gros grondent et craquent, les petits rissolent comme de l’huile
dans une poêle ou pétillent comme de l’eau gazeuse. Il s’agit en fait de l’air
contenu dans la glace qui s’échappe avec la fonte de l’iceberg dans l’eau. Les
gros «rissolent » surement aussi, mais il faudrait s’approcher bien plus près qu’il n’est raisonnable pour les
entendre. Faisons une petite parenthèse mathématique, en prenant pour exemple
le gros iceberg de la photo au début du récit. Le biniou doit faire 15mx50mx50m
émergés, soit 30375 mètres-cubes (plus de 27000 tonnes), et 9 fois plus sous
l’eau, genre 246000 tonnes immergées (246 millions de kilos, si si !), ou
encore un gros glaçon a whisky de 66m de cote. Bref c’est énormissime, et ca se
fait digérer par l’eau salée, chauffer par le soleil, laisse tomber ou remonter
des gros bouts, génère de grosses vagues, roule sur lui-même et déséquilibre
d’autres icebergs à distance. Conclusion faut rester très loin de ces gros
monstres…
Jacky nous a annoncé que le vent a tassé les icebergs à l’est du fjord, il nous
faudra donc naviguer de l’autre côté.
Premiers coups de pagaie pour Fabien et Nico! Nos kayaks sont très stables, avancent bien, et on tient facilement le cap grâce à leur gouvernail (quand on pense à le mettre dans l’eau).
Cette première fin d’après-midi se solde par une 10aine de
kilomètres et nous amène a notre premier bivouac sur une colline toute verte.
Eh oui, Groenland, ca veut dire « pays vert» !
On s’attaque à une de notre tâches quotidiennes, vider les kayaks, les monter
hors de portée de la marée haute, installer le bivouac.
La nuit est très courte : à minuit il fait nuit mais pas noir, et dès 3h
il fait déjà clair.
Notre premier réveil est franchement brumeux… mais ca ne dure pas, le soleil s’impose après quelques coups de pagaies dans une ambiance étrange pleine de silhouettes fantomatiques d’icebergs dans la brume.
Deuxième jour de navigation: on n’est pas allés au bout de l’étape prévue. C’est la découverte du kayak avec un gros vent de face (pas si gros en fait, disons 4-5 Beaufort, mais bien assez..). Heureusement on a été prévenus qu’il valait mieux s’arrêter et repartir le matin. L’après midi, il y a très souvent un vent thermique qui se lève et il vaut mieux pagayer le matin où on a plutôt une mer d’huile. C’est finalement la seule étape de notre itinéraire qui a été raccourcie grâce en autres aux tables de marées qu’on a imprimées en France nous servent quotidiennement pour adapter l’heure de départ
Nicolas pêche… Mais Christophe attrape le premier cabillaud
(c’est la longue et triste histoire de Nico qui rentre bredouille du
Groenland), qu’on grille au feu de bois… même si le poiscaille colle a la
grille.
Entre deux on a découvert le côté sombre de la pêche : il faut tuer le
poisson, et après le vider. Celui-la a surement été tué au premier coup de
pierre sur la tête, mais les mouvements réflexes nous ont fait croire qu’il
était toujours en vie, quelle horreur. On l’a donc re-tué pendant dix bonnes
minutes. Ce n’est que parce qu’il bougeait encore une fois la tête coupée qu’on
a fini par déclarer le décès.
N.d.N (note de Nicolas) : Les poissons sont mes amis, je ne peux supporter l'idée de les voir blesser par un hameçon. Je préfère leur couper la tête et les éventrer, avant de les déguster.
Voilà la fine équipe, de gauche a droite Nico, Christophe, Céline et Fabien, autour du feu et de la bouteille d’Armagnac achetée au duty-free pour qu’elle ne soit pas comptée dans notre excédent de bagages.
Comment faire croire que c’est au Groenland qu’on est allés… ah oui, il y a un iceberg a gauche !
Jour 3, après une bonne séance de pagayage, on rencontre LA saloperie du Groenland les « moucheronstiques ». moustiquaire de tête obligatoire. Heureusement le soir il fait trop froid pour les bébêtes. Un peu de vent suffit aussi a les éliminer.
Re-partie de pêche par Christophe
Re-vidage de poisson par Nico (à défaut d’en pêcher il les a tous vidés)
Et un super coucher de soleil, elle est pas belle la vie ?
Jour 4, on enchaine direction le Sud-Ouest. Dans le dedale de petits fjords on trouve moins d’icebergs mais quelques uns rigolos trainent a gauche et a droite.
Après une longue journée de kayak on finit par trouver une
zone accostable. Ca a l’air facile comme ca, mais les kayaks en fibre de verre
n’aiment pas les rochers !
L’iceberg d’en face nous indiquera le sens du courant… comme on est des grands
débutants en termes de marée, rien ne vaut l’observation de la dérive des
glaçons.
Ce grand lac « de montagne » a même pas 30m
d’altitude nous offre baignade, toilette, lessive et aussi notre première
truite saumonée (cuite au feu de bois, miam !). Sans parler des myrtilles/airelles (va
savoir…) dont on se gave dès qu’on met pied a terre.
Fabien le baigneur a barboté dedans pendant un sacré bout de temps. Elle est
bonne hein ?!
A propos de toilette, on ne peut pas dire qu’on ait trop usé le savon (note de Céline : sauf Céline). On peut nous comprendre, il faut réunir les conditions idéales : dégoter un lac, écarter les moustiques, invoquer le soleil et calmer le vent.
Jour 5, test de la combi étanche par Fabien qui décidément
aime bien l’eau. Bon, grosso-modo c’est étanche mais quand même l’eau
s’infiltre petit à petit. Ces combis,
disponibles seulement en tailles L et XL, certains ont passe tout le séjour a
nager dedans ;o)
A gauche, notre équipement : gants néoprène, chaussettes étanches (genre
goretex), veste et pantalon étanches, chaussons de plongée, jupe, gilet de
sauvetage, bob à l’esthétique douteuse mais intégrant une moustiquaire de tête
pour quand on débarque en terre hostile. Heureusement la moustiquaire n’a pas
trop servi.
Pêche fructueuse encore une fois, deux truites pour se
régaler les papilles !
Faut dire que l’eau est d’une pureté incroyable. On ne saurait pas dire où les
algues sont à sec et où elles sont immergées.
Allez, un petit mot sur la « cuisine » tiens. Ce
soir là on a bien mangé, mais le vent était glacial.
Organisation et nourriture millimétrés, forcément, transport en avion puis dans
le kayak oblige…
On fait tous les repas
avec un réchaud à essence. Le matin, on fait chauffer l’eau pour le petit
déjeuner et pour le repas du midi qu’on mets dans des thermos (1l750).
- Petit déjeuner : On avait 170g de petit déjeuner (lait en poudre,
céréale, chocolat, barre) déjà réparti dans des petits sachets par jour.
- 100 g de pause pour 2 pauses dans la journée déjà réparti dans des petits
sachets par jour. (Cacahuète, raisin sec, cajous, barres céréales ou sucrés).
La plupart du temps on mangeait tout à la pause du matin.
- Déjeuner : repas lyophilisé ou soupe chinoise avec un peu de fromage
(50g) et charcuterie(50g) (pas tous les jours la charcuterie). Ici petite
erreur de notre part on aurait du prévoir un dessert car ça nous a manqué. On a
fini par garder un peu de notre pause du matin pour faire le dessert.
- Soir : Soupe, puis pates ou riz (125g par personne), poisson ou moule ou
charcuterie, et un bon petit dessert. Chacun avait prévu ses desserts (50g par
personne et par soir). On aurait bien pris autre chose que pates ou riz mais vu
qu’on a été obligé de faire les courses a l’aéroport, on n’a pas eu trop de
choix.
Céline et Christophe à la rame. Quelques gros icebergs ont réussi à se glisser dans ces fjords tortueux pourtant loin de l’inlandsis.
Avant d’arriver au bivouac suivant il nous faut traverser un fjord large de 5km. La mer est calme, puis le thermique se lève et le plan d’eau s’agite. Rien de bien méchant, mais mieux vaut rejoindre le bord vite fait !
Encore un magnifique bivouac sur un isthme, idéal pour les révisions de Céline et pour la sieste de Fabien. On est quand même peinards au Groenland… On n’y croise personne dès qu’on s’éloigne de Narsaq (les touristes sont tous vieux ici. A croire que le Groenland est une destination de vieux. En tout cas il faut beaucoup de sous pour se payer une excursion encadrée, ceci explique peut-être cela). A part ca les seuls personnes qu’on voit sont sur des bateaux qui passent au large de temps en temps et nous font toujours un signe de la main, sympa !
Ce n’est pas une grande ile, mais on y trouve notre premier renne. Il y en a plein, très beaux mais très craintifs aussi.
Sacrément
bien caché l’animal ! quel mimétisme, on dirait un heu… un renne.
Et allez, on pagaye on pagaye ! Mer d’huile, comme presque tous les jours
« Brigitte Bardot qui nous gonfle avec
ses bébés phoques..... Je lui ai dit moi je fais 41 en bébé phoque, si t'en
trouves 2 pareils... Je ferai scier les pattes, je me ferai installer des
fermetures-éclair. On va pas se geler les arpions pour que ces deux connards
qu'on connait même pas se glissent sur la banquise. » Coluche
Meuh non on ne
lui a pas fait de mal il était tout mignon ce phoque !
Journée
« Alerte à Malibu » : sauvetage d’un des kayaks qui s’était fait
la malle pendant le casse-croute du midi
à la faveur de la marée montante, puis sauvetage d’une assiette qui a glissé
vers le large pendant la vaisselle.
Une petite rando avec vue sur océan et inlandsis, un bivouac « pas trop pourri », des poissons qui se battent littéralement pour manger l’appât ou le poisson qui a mangé l’appât. Un bon coin !
Un bon feu pour finir la journée…
Et un beau coucher de soleil en prime !
Bon alors le 5 aout, c’est celui où on a le plus souffert des moucherons. Il y en a des nuées qui rentrent dans les yeux, les oreilles et la bouche. Moustiquaire obligatoire, même pour manger. L’enfer.
Avant d’en repartir on est quand même allé jeter un œil à l’inlandsis dont une
langue glaciaire se jette dans un fjord. Ma-gni-fique !
Le glacier était quand même en recul d’un bon kilomètre par rapport a la carte,
faut se dépêcher ca fond, n’en déplaise a Allègre (qui selon Nico ne croit pas
au réchauffement climatique, qui selon moi n’aime pas Allègre :o)
Le jour suivant, c’est relâche (bien qu’on ait quand même rame un peu pour arriver la) ! Un joli coin, un bel iceberg bien photogénique, on ne nous arrête plus !!!
Devinez la température de l’eau, juste pour rire ?
Et pour finir un coucher de soleil époustouflant. On n’est quand même pas venus pour rien !
8 aout, après un jour de break au bivouac précédent, on se remet en route. Un bel iceberg tout bleu qui croise notre route.
ok il ne fait pas très beau, ok l’inlandsis nous souffle un
vent glacial, mais quand même… Il dépote ce campement non ?
Pour donner une idée de la taille de ce qu’on voit, il y a quand même 3,5km de notre
campement au front du glacier ! Glacier très actif, ca gronde en
permanence comme du tonnerre ou des coups de fusil. C’est la glace qui
travaille. Et il y a deux autre langues glaciaires qui tombent dans le fjord ,
sur la gauche de celle-ci, comme on le voit juste en dessous. Puisqu’on vous
dit que c’est un beau coin !
Contemplation… prudente, à bien 500m de distance.
Fabien, en flagrant délit de réchauffement climatique. Et dire qu’on accuse les industriels de trouer la couche d’ozone…
On a aussi profité de la plage de sable et des galets ronds multicolores pour se faire une petite pétanque. Pétanque interrompue par un renard assez à l’aise pour aller renifler près des tentes. Le sang de Fabien ne fait qu’un tour, il abandonne la partie en cours pour courser l’effronté. Suite à cet incident, aucun n’a plus jamais tenté de piquer la part de charcuterie de Fabien ;o)
Notre bivouac suivant, la « baie des petits pois » comme l’a surnommée Marie. On voit nos tentes et kayaks en bas à gauche.
Pas de chance pour nous les petits pois n’étaient pas murs. Les moules et les myrtilles excellentes en revanche. Un bien joli coin où on a passé deux jours sous une pluie quasiment discontinue (juste le temps de pêcher une morue, de faire une pétanque de galets, et de ramasser quelques moules). Heureusement que le jour de notre arrivée il faisait beau ; on a pu monter trouver un point de vue sur la calotte. Fabien en a même profité pour se perdre et a carrément rejoint la calotte (enfin c’est ce qu’il dit, comme par hasard son appareil photo est tombé en panne de batterie pile à ce moment là ;o). On s’est inquiétés, on a préparé une « mission de secours » en embarquant une corde, des lampes frontales et le téléphone satellite, l’endroit étant à la fois paumatoire, assez escarpé et bien entendu bien loin de toute civilisation. A peine Nico et moi partis Céline nous rappelle, car Fabien est en vue. Enfin plutôt à portée d’oreille. Le lascar s’est embringué dans un canyon qu’il a désescaladé au point de se trouver coincé, ne pouvant raisonnablement pas descendre et seulement dangereusement remonter. Il choisit l’option dangereuse mais s’en sort bien et finit par rentrer au campement, bien effrayé et surtout bien crevé (mais fort satisfait de ses qualités d’orientation).
C’est dans cette même baie qu’on a rencontré notre premier
«local », qui venait déposer en avance de la nourriture pour un groupe de
kayakistes qui doivent passer par là dans quelques jours: Comme tout bon local qui se respecte, il
s’est un petit peu moqué de nous en en nous disant qu’un ours trainait a 50 km
au nord de là où on campait (c’est un peu le coup du dahu avec les parisiens).
En discutant de ça quelques jours plus tard avec le bateau-taxi qui nous ramenait
a Narsarsuaq, on s’est refait chambrer un peu : Comment survivre à un ours
blanc. L’ours blanc ne mange que de la viande froide dixit le pilote du bateau.
Ils tuent leurs proies et attendent que le corps soit froid. Donc il faut faire
le mort en attendant que l’ours s’en aille (vu que notre corps ne refroidit
pas). Ca ressemble bien à une blague et on doit dire qu’on est bien content de
ne pas avoir à vérifier. Apparemment, il n’y a jamais eu d’accident d’ours là
où on était ;)
Nico en rando. Y a pas vraiment de chemins par ici… mais il
y a de beaux lacs !
La végétation est très particulière : à part quelques endroits comme celui
de la photo, c’est plutôt rasant, avec de la rocaille, des fleurs qui poussent
entre les rochers, des lichens, de la mousse sur 20cm d’épaisseur (très
agréable en descente, mais usant à la montée)
Que fait-on quand il pleut ? on apprend a dessiner, on
écrit ses « mémoires », on révise ses cours d’infirmière, on lit de
la SF, Darwin, le professeur Montagnier ou Jean Malaurie.
Et bien sûr on ne pense qu’à manger sous notre abri de fortune.
Le beau temps étant de retour, on enchaine. Au fond du fjord suivant on débarque au pied d’une langue glaciaire… Nicolas se sent tout petit malgré son imposante stature d’un mètre soixante-quatre !
Parlons
un peu cailloux : c’est incroyable, il y en a posés partout, en équilibre
plus ou moins stable et parfois alignés dans des endroits improbables. Alors
comment ca marche ? c’est tout bête (quand on le sait), les glaciers
charrient des rochers, et quand ils fondent ils les déposent la, ce qui
explique qu’il y en ait partout. Quand le climat refroidit, les glaciers
regagnent du terrain et la, ils poussents les cailloux qui trainent par terre.
Puis ca se re-réchauffe, les glaciers reculent et laissent de jolis alignements
de pierres et même de gros rochers.
Ah ! super, il refait beau ! on glisse encore un fjord plus loin : la carte indique un point haut a 400m surplombant directement l’inlandsis, il faut qu’on grimpe la haut.
Le campement tout en bas à droite, vu depuis les hauteurs où Nico et moi évoluons difficilement.
La mise en place du
campement était assez rapide, le plus long étant de trouver un emplacement sans
trop de pente mais surtout sans bosses ni trous. Franchement, on a dormi
plusieurs fois dans des endroits où on a souffert. Après ca on a décidé de
toujours vérifier si on pouvait trouver une zone correcte pour dormir avant de
débarquer réellement. Le sol plat au Groenland, ça n’existe pas (quand on dit
plat on ne s’attend pas à du gazon ;o)
Autre point qui nous
posait un souci pour débarquer, c’était la marée, il fallait faire super attention
car on peut débarquer à marée haute et avoir a repartir à marée basse. Il faut
donc être sur qu’on pourra mettre les kayak à l’eau à marée basse. Les iles
étant très rocailleuses et des fois avec beaucoup de fond (ou l’inverse), c’est
pas vraiment évident.
Le plus long était de plier le campement, de mettre les kayak à l’eau, de les charger, de s’habiller pour enfin pouvoir rentrer dedans. En tout le matin, entre le moment où on se lève et le moment où on pagaye il s’écoule en général 3h.
C’est très escarpé, trouver sa voie jusqu’en haut n’est pas gagné, et la retrouver pour descendre encore moins.
La photo ne rend pas du tout le gigantisme de la calotte. Z’avez qu’à y aller, ce sera mieux.
Ca c’est le lendemain. Voilà la plus dodue des morues pêchées du voyage. Comme il pleuvait, privés de bois sec on a du la cuisiner à la poêle alors qu’elle était bien trop grosse pour tenir dans notre popote. D’un savant découpage Nico a fait rentrer tout ca dans la casserole, mais vu nos qualités de cuisiner(e)s on n’ai pas vraiment réussi à ce que tout soit cuit homogènement. Il y en avait bien assez pour quatre, c’est bien là le principal même si on en a tous un peu notre claque de la morue.
Eh oui toutes les bonnes choses ont une fin. Bon là c’est pas tout à fait la fin, puisqu’il nous reste deux jours de kayak… mais ca commence à sentir le retour à Narsaq. Tout le monde n’en est pas au même degré, mais globalement on est très très contents, on a bien kayaké, vu des bestioles, des icebergs, l’inlandsis, gouté à la vie « sauvage » loin de la civilisation, de la sécurité et du confort, et là, on n’est pas plus contents que tristes que ca tire à sa fin. Repus quoi. C’était sans compter une dernière journée assez exceptionnelle.
Pas de bol aujourd’hui, courant dans la tronche. A peine plus de 5km/h dit le GPS, seul juge impartial de notre vitesse (des fois on croit qu’on traine alors qu’on est a un bon 8km/h, et des fois c’est le contraire…). La pause s’impose, et coup de chance, on tombe sur un gros phoque. Même pas peur, voire curieux, l’animal vient nous voir, plonge, et revient encore. D’autant plus étonnant que les phoques sont chassés « traditionnellement » par les inuit au hors-bord et au fusil à lunette.
Plus qu’un large fjord à traverser et on sera à notre dernier point de bivouac, juste en face de Narsaq. On a déjà traversé ce fjord plus à l’Est il y a bien 10 jours. Mais cette fois c’est très différent, le vent a poussé tous les icebergs contre le bord sud-est du fjord. On tente de passer à travers mais c’est de plus en plus difficile tant les icebergs sont nombreux et tranchants. On devient plus gondoliers que pagayeurs, et on serpente comme on peut en essayant de rester loin des plus gros spécimens. On est en plein milieu de ce champ de mines quand un gros iceberg lâche un morceau à une 50aine de mètres de nous : grosse gerbe, grosse houle qui fait s’entrechoquer tous les autres icebergs autour. On ne se trouve finalement pas si malins de s’être embarqués dans cette traversée, tout le monde est bien refroidi (mais pas autant que si on était passé à l’eau qui ne devait pas dépasser 5 degrés). On continue puisque de toutes façons on suppose être au milieu du champ d’icebergs. Au loin on devine un voilier coincé dans les glaces. Ah ben non il bouge ! tout doucement, mais il bouge. On le vise, et après une bonne heure de traversée pour à peine un kilomètre parcouru, on se retrouve dans le sillage de ce beau voilier brise glace de chasseurs de rennes islandais (les chasseurs, pas les rennes) que vous voyez la dessous. Etant donnée la quantité de glaçons alentour et notre contrainte horaire le lendemain a Narsaq, on décide de prendre l’aspiration du bateau. 3km/h ca va déjà trois fois plus vite qu’1km/h…
.
On arrive finalement près de Narsaq où le fjord est à nouveau libre de glaces (enfin il y a toujours des icebergs, mais ca passe bien). On monte le camp et profite de cette fin d’après-midi ensoleillée pour une compétition de freestyle :
Fabien joue à saute-iceberg
Christophe en tentative de record du Groenland de saut en longueur
Nicolas, vainqueur haut la main dans un style unique!
Céline est plus contemplative.
Un dernier beau coucher de soleil sur le fjord…
Dernière petite étape vers Narsaq, dans une eau bien
encombrée de glaçons poussés par le vent nocturne, après un réveil assez
bruyant à cause de l’hélico du coin qui fait des allers-retours. Le pilote a
l’air de bien s’éclater, il vient nous faire quelques manœuvres en rase-motte
sur le campement en faisant coucou par le pare-brise !
Narsaq, petite ville (dans l’absolu, mais plutôt très grande ville selon les standards Groenlandais) multicolore
A défaut de restau local, une bonne pizza fera l’affaire !
Bon alors, ca ressemble à quoi des kayakistes au Groenland ? Ben voilà !
On passe une dernière nuit à l’auberge de jeunesse de Narsarsuaq avant que nos chemins se séparent : Fabien (qui n’aime pas la rando) rentre en France, pendant que Nico, Céline et moi nous envolons pour Ilulissat, plus au nord, bien plus au nord !
Sèchage de tentes…
… et au lit après une douche chaude, la première depuis 3 semaines, quel plaisir !!!
Christophe, Céline, Nico embarquent pour Ilulissat. Fabien is now a poor lonesome
cowboy…
La suite… Le trek à Ilulissat
Petite note sur les airelles et/ou les myrtilles, suite a un débat contradictoire mené post-expédition avec le fameux rhétoricien L. Casse-pieds :
La myrtille, Vaccinium myrtillus (http://fr.wikipedia.org/wiki/Vaccinium_myrtillus) est le fruit
de sous-arbrisseaux poussant dans les régions montagneuses de l'hémisphère
nord. Il en existe à peu près 450 variétés différentes.
Vaccinium uligosum (http://fr.wikipedia.org/wiki/Vaccinium_uliginosum) est l'airelle bleue
ou myrtille des marais, dont les fruits
se distinguent des myrtilles par une chair blanche.
Vaccinium vitis-idaea (http://fr.wikipedia.org/wiki/Vaccinium_vitis-idaea) c'est l'airelle rouge. Les airelles se distinguent notamment par leur goût plus acide que celui des myrtilles. Elles sont principalement consommées en jus.
Alors finalement qu’est-ce qu’on a bien pu manger ?
Surement pas Vaccinium vitis-idaea, puisque les nôtres
étaient couleur myrtille.
Mais a-t’on mangé plutôt Vaccinium uligosom ou Vaccinium
myrtillus… on ne le saura peut-être jamais, parce qu’il faudrait être sacrément
tordu pour couper des myrtilles en deux avant de les croquer !
Contact : christophe(@)antonoff.fr